Dans le cadre du dispositif de résidence d’auteurs Récit’Chazelles qui se tient chaque année dans la commune de Scy-Chazelles, le poète Donatien Garnier a été accueilli jeudi 10 novembre par la professeure de français Madame Olona au collège Jean Bauchez, à Ban-Saint-Martin. A partir du célèbre mythe d’Orphée, il y a animé un premier atelier d’écriture. En l’espace de deux séances, les objectifs sont de sensibiliser les élèves à la poésie contemporaine et de construire un « livre rouleau » collectif.
Les élèves sont attentifs au récit de Donatien Garnier. « Je me suis demandée si c’était vrai ou faux », témoigne une collégienne tellement emportée par le mythe qu’elle le croirait presque réel. « C’était intéressant », renchérit une de ses camarades. Sa voisine de table est plus réservée. « Je n’aime pas trop car Orphée et les dieux n’existent pas », affirme-t-elle.
Le poète emmène les adolescents sur les traces d’Orphée et explique son rôle dans la quête de la toison d’or, le tout dans une atmosphère de partage et de convivialité. Les collégiens sont invités à se transformer en « rapsodes » pour réécrire chacun une partie du mythe à leur façon. « Quand on mettra vos textes bout à bout, on aura l’histoire en entier », s’enthousiasme-t-il. Avant ce travail de création, le poète revient sur son métier.
« Orphée vigneron », le projet actuel de Donatien Garnier
« Je suis poète plasticien et performeur ». C’est ainsi que se présente le grand amoureux des mots aux élèves de 6ème de l’établissement Jean Bauchez. L’atelier est encadré par Madame Olona, professeure de français. Il explique le principe de son travail. « Je fabrique des livres qui ne sont pas des codex », sourit-il en faisant référence au format classique des romans. Il fait effectivement de la poésie contemporaine et sort ses œuvres du format livresque : elles prennent d’autres formes, par exemple un texte collé au fond d’une piscine.
En savoir plus sur l’artiste et son projet : Donatien Garnier, poète contemporain
Animer un atelier d’écriture dans un collège lui permet ainsi de développer sa créativité et de partager son objet d’étude au plus grand nombre. « Chaque atelier est une expérience », argumente-t-il. « Le but de ces séances avec les collégiens est de faire un parallèle avec mon travail », poursuit-il, l’air détendu.
« Orphée est avant tout un poète qui agit par sa parole »
Avant le travail créatif, Donatien Garnier revient sur l’histoire du mythe d’Orphée et plus particulièrement sur son tour du monde à bord du bateau argonautique. Orphée vient de la mythologie grecque et a un don particulier : il joue de la lyre. En général, on l’étudie surtout au collège pour son histoire d’amour malheureuse avec la belle Eurydice. Pourtant, le personnage d’Orphée ne se limite à cela et c’est ce que veut montrer Donatien Garnier dans cet atelier.
Il s’intéresse effectivement au voyage d’Orphée à bord du bateau argonautique. Nul ne sait s’il commence ou s’il finit sa vie par ce périple, mais une chose est sûre : l’objectif est de conquérir la toison d’or et, en échange, le trône est promis à Jason. Cette toison, qui a de nombreux pouvoirs, est gardée par un monstre qu’il faudra vaincre. Orphée participe ainsi à ce voyage périlleux, en compagnie d’autres personnages mythiques comme Médée. Pour éveiller la curiosité des élèves, rien de tel que de les faire réagir. « En combien de temps Orphée fait-il le tour du monde ? », demande l’artiste.
Face à ce mythe, les élèves sont enthousiastes et la participation active. Les mains se lèvent. « Un an, je pense », s’écrie l’un d’entre eux. « Je pense que cela prend au moins dix ans », contredit une de ses pairs. Les propositions sont nombreuses, mais les questions aussi. « Pourquoi Orphée prend plein de virages, lors de son voyage ? », s’interroge un autre, en faisant référence au schéma dessiné au tableau. Donatien Garnier y répond avec pédagogie. « Orphée est avant tout un poète qui agit par sa parole », conclut-il.
Donatien Garnier illustre le voyage d’Orphée par un dessin
Après cette mise en contexte, chaque groupe se voit attribuer un chant d’Orphée. « Lisez le document et entourez les mots que vous ne connaissez pas », indique le poète. L’exercice leur permet d’acquérir du vocabulaire et d’échanger tous ensemble. La plupart des 6èmes ont été conquis par ce moment de partage et de convivialité. « C’était cool », lâche un petit groupe avant de quitter la salle.
Une classe au travail
C’est sur cette note positive que s’achève ce premier atelier d’écriture. Donatien Garnier reviendra le jeudi 24 novembre afin de poursuivre ce qu’il a commencé. En attendant, afin de réaliser ce « livre-rouleau » collectif, les élèves ont des devoirs : réinventer chacun un petit bout de l’histoire orphique.
Mathilde Brizion et Manon Delassus