Karim Ben Ali, lanceur d’alerte est venu parler de son combat contre le géant Arcelor Mittal à Metz, jeudi 15 novembre. Accompagné du journaliste Denis Robert qui a notamment révélé l’affaire Clearstream, les deux hommes parlent de la difficulté d’affronter des multinationales.
Les conférences Le Lanceur, ce sont des moments d’échanges et d’écoutes accordés aux lanceurs d’alerte. A Metz, c’est Karim Ben Ali qui raconte son combat contre Arcelor Mittal. Lui qui, un an plus tôt, a révélé comment le géant de la sidérurgie demande à des sous-traitants de déverser de l’acide dans ses crassiers remplies de déchets. Depuis, il a gagné son procès : « ça a eu le mérite d’arrêter net la pollution » assène-t-il.
160 demandes d’emploi et aucune embauche
Sur sa situation professionnelle, Karim Ben Ali est assez pessimiste : « ça fait un an que je galère, Macron il nous dit de traverser la rue. Moi en ce moment, je traverse le désert. » Depuis la médiatisation de l’affaire et après 160 demandes d’emploi, l’ancien chauffeur sous-traitant d’Arcelor Mittal est toujours au point mort. La seule lueur d’espoir est cette proposition du chef étoilé Thierry Marx qui l’invite à venir se former dans sa cuisine à partir de septembre 2019.
Dans un désarroi qui se lit sur son visage, il affirme « qu’aucun patron ne veut le prendre car on n’embauche pas les balances ». A cela s’ajoute « le manque de soutien de la part des syndicats mais aussi du gouvernement » peste-t-il.
Presque aucune médiatisation
Le combat que mène Karim Ben Ali, fait écho à celui du journaliste Denis Robert, assis à sa droite. Il s’est battu pendant 10 ans dans la célèbre affaire Clearstream. Ce scandale financier a éclaté en 2001 après la parution du livre Révélations$ du journaliste. Il explique comment la société luxembourgeoise entretenait des comptes occultes qui permettaient des transferts d’argents illégaux.
Venu à Metz pour son nouveau livre Les prédateurs, co-écrit avec la journaliste Catherine Le Gall et où il parle de deux milliardaires s’enrichissant sur le dos de l’état, Denis Robert dénonce l’auto-censure de certains médias concernant son ouvrage. Même s’il a fait quelques plateaux connus, il ajoute que la « médiatisation est ailleurs que dans les médias mainstreams. »
A travers cette auto-censure, Karim Ben Ali rebondit sur sa propre histoire. Il explique que certains journaux locaux n’ont pas publié la vidéo accusant Arcelor Mittal, préférant attendre que d’autres le fasse.
« J’ai été victime d’une agression »
Malgré son procès gagné contre le géant indien, la vie du père de famille est très difficile. Il affirme avoir été victime dernièrement de représailles avec « une agression » et « les roues de sa voitures desserrées ».
« Faire le tri de sa poubelle chez soi, ça ne sert à rien face à ce qu’ils font »
Quand on lui évoque le mot « écologie », Karim s’appuie sur l’actualité et demande « avant de taxer le diesel, ça serait bien de gratter un peu les industriels. Faire le tri de sa poubelle chez soi, ça ne sert à rien face à ce qu’ils font. »
Denis Robert se reconnaît dans le combat que mène Karim et affirme que son cas est « emblématique de la difficulté de témoigner dans ce pays ». Quand le journaliste a rendu public l’affaire Clearstream, il a été accablé de procès. Après quelques années de pause, il continue de révéler des affaires à base de détournements d’argents.
A la question : « pourquoi retourne-t-on au combat ? », Denis Robert répond : « parce que l’histoire était motivante ».
Téva Vermel