Joueur phare de l’équipe de France de futsal, vainqueur du championnat de France et ancien capitaine emblématique de Garges Djibson, Samba Kebe est avant tout un amoureux du ballon rond, primant le plaisir avant le reste.
Il est 10 heures du matin, les commerçants ouvrent, un à un, leurs stores. L’odeur du pain sortant du four, tout comme celui du café chaud, enivrent la place Saint Louis, qui se réveille lentement. C’est à cet endroit que l’intéressé m’a donné rendez-vous. Vêtu d’un survêtement vert saillant orné de rayures blanches, casque sur les oreilles, Samba Kebe m’accorde, dès notre premier regard, un large sourire. Un pantomime qui, 30 minutes durant, ne fuira jamais son visage. Un détail insignifiant, mais représentatif d’un homme à la mentalité exemplaire.
Le ballon rond, une histoire de famille
Gamin de la région parisienne, la nouvelle recrue du Sporting Paris, club de futsal évoluant en première division, est de brève passage à Metz. « L’un de mes frères a été joueur professionnel à l’ASNL. On a tissé des amitiés dans la région, donc j’y reviens dès que possible » me confie-il. Chez les Kebe, le foot, c’est une histoire de famille. Celui qui se dit être « un passionné d’enfance » vit pour ce sport. Ses ainés comme exemple, c’est à son tour, aujourd’hui, de transmettre cet amour du terrain. Une mission qu’il relève haut la main, puisque sa petite sœur s’est, elle aussi, décidée à enfiler les crampons.
Son attachement à la pratique, Samba l’a doit également à son quartier de Garges-lès-Gonesse, ou il a toujours habité, depuis sa naissance, en 1987. Avec enthousiasme, il me raconte la ferveur footballistique du 95. Ses premiers matchs en club, aussi. Les raisons pour lesquelles il s’est tourné vers le futsal, enfin. Une décision insouciante, qui fera de lui l’un des meilleurs joueurs français de sa génération.
Ascension éclair
« J’ai pris ma première licence dans un club de foot à 11. Au départ, je n’étais pas destiné à autre chose ». Une détection près de chez lui, c’est un peu près à quoi tient sa carrière. Sous un attrait nostalgique, il m’explique s’y être rendu, sans attente, ni espoir, « juste pour voir ». Sans se douter le moindre instant qu’il deviendrait le futur capitaine de Garges Djibson, meilleur club de l’hexagone, quelques mois plus tard. Et du capitaine actuel de l’AS Monaco et footballeur international en équipe de France, Wissam Ben-Yedder. Rien que ça. Encore moins qu’il découvrirait l’équipe de France et le château de Clairefontaine.
Plus de 50 sélections et un titre de champion de France plus tard, Samba réalise, avec modestie, la vitesse de son ascension, la réussite de sa carrière. Une carrière qui ravit sa famille, ses proches. Qui en fait l’idole des enfants, près de chez lui. Qui ferait surtout rêver une grande majorité des amoureux de ce sport. Pour autant, le footballeur tricolore émerge, par moment, des regrets. Pour tempérer mon étonnement à ses mots, il m’explique « se questionner parfois sur le chemin qui aurait été le sien s’il se serait entièrement consacré au foot à 11. » Pas de quoi, cependant, plomber son moral. Si Samba a bien un mot d’ordre, c’est celui de voir le positif, quel que soit la situation. Une force de caractère, qu’il lie à sa réussite sportive.
Résilience et positivité
Un loisir, un jeu, c’est ainsi que Samba définit son métier. Il estime que sa profession est un plaisir personnel, avant tout. Une mentalité atypique, surprenante. Qui explique également pourquoi le champion de France 2017 peine à me citer les moments les plus difficiles de sa carrière. « J’ai la chance de vivre d’une passion. Pour moi, c’est du foot, et c’est toujours resté du foot. Je cherche constamment à voir le positif, puisque je suis un privilégié de la société ».
Gêné, il finit par confier que la période actuelle met sa résilience à forte épreuve. Avant de se reprendre. Fidèle à ses valeurs, il relativise sur une blessure au tendon d’achille, l’éloignant des terrains depuis plusieurs mois. Une grande majorité de sportifs pourraient perdre pied face à cela. Samba, lui, s’estime heureux de pouvoir continuer à marcher. Une doctrine, qu’il applique au quotidien. Sur le terrain, et en dehors. Le « maestro », comme ses anciens coéquipiers l’appelait, s’est forgé de cette constante positivité pour avancer. Une difficulté n’en est jamais vraiment une. Une épreuve n’est « qu’une étape pour apprendre sur lui-même ».
À 34 ans, Samba s’approche, petit à petit, vers la fin d’une élogieuse carrière. Compétiteur dans l’âme, il entend bien décrocher un dernier titre avant de tirer sa révérence et de, pourquoi pas, entamer une carrière d’entraîneur. Une chose est certaine, son histoire avec le futsal est loin d’être terminé.