Depuis septembre 2013, le rythme des apparitions publiques de Nicolas Sarkozy s’accélère. L’ancien président, qui jurait au soir de sa défaite aux dernières élections présidentielles en avoir fini avec la politique, semble bouillonner d’impatience à l’idée de se jeter à nouveau dans l’arène. Retour sur des signes qui ne trompent pas.
« Là où la mer est passée, elle revient. » Ces mots, prononcés le 30 janvier dernier, sont ceux de Nicolas Sarkozy. L’ex-président est en verve ces derniers temps et ne manque pas une occasion de faire allusion à son possible retour en politique. Un come-back de moins en moins hypothétique. Pour Bernadette Chirac – sarkozyste de longue date – le doute n’est plus permis : « Nicolas sera candidat, je vous le dis. » Alors que François Hollande affiche le taux de popularité le plus bas de l’histoire de la Ve République, Sarkozy sort ouvertement de son silence. Pierre après pierre, le vieux fauve se prépare à ressortir les griffes. D’abord en politisant toujours un peu plus ses apparitions publiques. La dernière en date : sa venue au meeting de Nathalie Kosciusko-Morizet. Volant littéralement la vedette à la candidate à la mairie de Paris, la machine de guerre Sarkozy a montré qu’elle avait pansée ses plaies. L’ancien président semble prêt à se remettre en marche. Pour de bon.
La barbe !
Il va de soi que le manège rhétorique auquel se prête l’ex-pensionnaire de l’Elysée ne fait pas plaisir à tout le monde, même parmi ses fervents supporters. ‘ La stratégie officielle, c’est de ralentir, explique au Monde un de ses soutiens, mais le problème c’est qu’il n’arrive pas à l’appliquer.‘ A trois ans de la prochaine échéance présidentielle, le risque est de griller ses cartouches trop vite. Car contrairement à ce que Sarkozy s’évertue à mettre en scène, il n’y a pas de vague de nostalgie en sa faveur dans le cœur des Français. Loin d’avancer sur du velours, Sarko marche plutôt sur des œufs. Une situation qu’il devrait vite prendre en compte pour ne pas revivre la déroute de 2012. Pis, subsiste encore un anti-sarkozysme tenace dans l’Hexagone, pas encore tout à fait remis du dernier bilan quinquennal. Cependant, une chose est sûre : il reste le meilleur candidat possible pour la droite en 2017 dans le cœur des sympathisants. Ni François Fillon, ni Jean-François Coppé ne bénéficient de l’aura de l’ancien leader de l’UMP – et ce n’est pourtant pas faute d’essayer. ‘ Le jour où j’aurais rasé ma barbe, il faudra faire attention hein, ce sera peut-être un signe.’, confiait fin janvier Nicolas Sarkozy, dans un sourire. Plaisanterie qui, on l’aura deviné, n’en n’est pas vraiment une. Comme toujours. Au risque de nous hérisser le poil ?
Retour vers le futur
Un constat s’impose d’emblée : Sarkozy est resté le même. Impatient et impulsif, il est encore loin de renvoyer l’image de vieux sage à laquelle il aspire. Sa traversée du désert n’en n’a pas vraiment été une, il veut revenir dans un jeu qu’il n’a jamais vraiment quitté. En se présentant en filigrane comme le Messie de la droite, Nicolas Sarkozy semble frappé d’amnésie. Au risque d’un retour de flamme qui risque d’arriver plus tôt que prévu : ses détracteurs, surtout à gauche, attendent de pied ferme l’occasion de lui rafraîchir un peu la mémoire. Mais s’il est évident que sa défaite face à François Hollande en 2012 l’a contraint à mettre un genou à terre, elle ne l’a pas débarrassé du virus contracté il y a bien longtemps déjà : celui du combat politique. L’homme a toujours eu du mal à se draper d’ombres. Tel un papillon, il préfère la lumière. Au risque de se brûler les ailes.
Les apparitions clefs de Nicolas Sarkozy depuis sa défaite au second tour des présidentielles de 2012
Crédit photo à la une : Aurélie Bazzara