Il est de ceux qui ne peuvent s’arrêter de créer. Vincent Metallo, game artist ambitieux et passionné, s’est lancé en 2016 dans un projet audacieux : créer son propre studio de jeu vidéo.
À l’occasion d’un mois de septembre plus que doux pour la saison, les terrasses messines en aval du marché couvert font le plein. À l’ombre d’un arbre, Vincent Metallo est assis au plus profond de son siège à discuter avec ses deux amis. Vincent Metallo avait fixé la rencontre dans un bar qu’il connaît bien. Dans cet environnement familier, il revient sur l’aventure que représente la création de Sköll Studio.
Passionné par les jeux vidéos, le trentenaire aux cheveux désordonnément attachés à trouvé sa voie sur le tard. Né à Metz, il a d’abord arpenté les amphithéâtres de la faculté de sa ville pendant 4 années, étudiant l’informatique, avant de se tourner vers le graphisme avec un BTS en graphisme à l’école de Condé à Nancy. “Ça m’a apporté énormément de connaissance, surtout au niveau de l’algorithmie, et aujourd’hui je suis autonome.” C’est seulement en 2016 qu’il se lance dans le jeu vidéo. “Je n’avais pas beaucoup d’expérience parce que j’étais graphiste à la base. J’ai fait un premier jeu avec un ami pour rigoler et je me suis rendu compte que c’était vachement stylé.” Un coup de cœur dont il ne pourra plus jamais se détacher.
Les game jams, joyeux défis et rencontre déterminante
C’est presque un passage obligé pour les développeurs, artistes et ingénieurs passionnés de jeux vidéo. Imaginez-vous enfermé le temps d’un week-end pour participer à une compétition expresse de création de produits vidéoludiques en équipe : voilà le principe d’une game jam. “On m’a conseillé de faire des game jams pour rencontrer des gens et avoir un peu d’expérience”, raconte Vincent Metallo. Une expérience qui lui a plu, tellement qu’il enchaîne ces rendez-vous bien utiles pour se faire des contacts. “La deuxième game jam que j’ai faite, j’y ai rencontré le Sound designer et qui je travaille encore aujourd’hui (Jérôme Mathis)”.
Cette rencontre avec Jérôme Mathis, alias T05, va quelque peu accélérer le destin de Vincent Metallo. Le courant était passé entre les deux messins d’origine, que ce soit sur le plan amical comme sur le plan artistique. “Il s’occupe de l’univers sonore, moi je fais tout ce qui est visuel, ça collait bien ensemble !” s’exclame le game artist. Comme une évidence donc, les deux hommes décidèrent de se lancer dans un projet commun. Pour ce nouveau jeu vidéo, ils devaient se rallier sous une seule et même bannière : Sköll Studio est né. “C’est la manière de trinquer des vikings, et on aime bien la bière”, s’amuse Vincent Metallo, bière à la main.
Dans le jeu comme dans la vie, l’aventure se fait en duo
Baptisé ”Koloro”, le premier jeu de Sköll Studio sort en 2018 après deux années de développement. Avec Jérôme Mathis, “on l’a fait pour le délire au début et en fait ça a donné un petit projet un peu marrant, original”, raconte le game artist en esquissant un sourire. Fiers de leur production, ils décident de l’inscrire dans la catégorie jeu vidéo du Festival du Film Fantastique de Strasbourg. “Et en fait, on a été retenu parmi les finalistes !” confie-t-il, encore surpris.
Deuxième jeu et ambitions nouvelles
Pour ce nouveau défi, Vincent Metallo et Jérôme Mathis changent d’univers. Exit les plateformes et les énigmes, bonjour à un jeu de rôles et d’actions inspiré des jeux de leurs enfances, baptisé Last Moon. Un projet ambitieux commencé en 2018 par une idée forte et quelques croquis. “J’ai bossé dessus de manière décousue jusqu’en 2022 et depuis fin 2022 je suis à 100 % dessus”, explique le game artist toujours seul à s’occuper du visuel de ce jeu. Un travail de longue haleine mais pas lassant pour le principal intéressé. “C’est vrai qu’il y a des moments où on passe vraiment beaucoup de temps, principalement sur les animations. C’est un peu décourageant et je me dis “mais pourquoi je me suis lancé là dedans”.” Une question qui s’efface lorsque l’animation finale prend forme devant ses yeux. Sa satisfaction ? Réussir à reproduire voire à dépasser ce qu’il peut observer dans d’autres jeux vidéo indépendants. “Ce qui me motive beaucoup, par exemple, c’est quand je fais tester à des potes” raconte le messin tout sourire aux lèvres.
Pour Last Moon, Sköll Studio a eu besoin d’un coup de main pour le développement. Après avoir analysé les critiques adressés à Koloro, Vincent Metallo a su identifier le point à améliorer pour ce nouveau projet. Un troisième membre a alors intégré temporairement le studio messin pour travailler sur la narration. L’histoire, les dialogues : “ce n’est pas ma spécialité et c’est un truc qui manquait clairement un projet.” Avec 14 000 sélections comme “jeux souhaités” avant même sa sortie sur la plateforme “Steam”, numéro un dans l’achat de jeux vidéo, Last Moon est parti sur de bons rails. Une fierté pour Sköll Studio, qui aurait pu être différente. “J’ai eu des propositions assez cools d’éditeurs, plus ou moins connus. Au début d’ailleurs, c’est un peu mon idée de vendre des projets. Mais après réflexion, je me suis dit que finalement ce que c’était plus cool de réussir à s’auto-éditer”, explique Vincent Metallo, en haussant les épaules comme une évidence.
Martin Bertrand