Hector Boudot est parti pendant un mois en Norvège. Seul, il a parcouru près de 1000 kilomètres pour visiter des stavkirke, des églises en bois datant du XIIe siècle. Pas du tourisme, néanmoins, mais un voyage de découverte du patrimoine norvégien et de ses églises si particulières.
Il ne reste que 28 églises en bois debout, ou stavkirke dans la langue locale, en Norvège. Il y en avait entre 1000 et 2000 au Moyen-Âge. Beaucoup d’entre elles ont été détruites, notamment pour réutiliser le bois dont elles étaient faites, d’une qualité supérieure. « Il n’y a pas que cela », nuance cependant Hector Boudot, parti grâce au concours de la fondation Zellidja. « C’est aussi parce qu’elles étaient souvent trop petites pour accueillir tous les croyants. » Les églises restantes sont donc entrées dans le patrimoine national norvégien.
Les stavkirke, des édifices « debout depuis 850 ans ».
Connus pour leur esprit de conquête maritime, les norvégiens se sont, par conséquent, inspirés de leurs constructions navales pour monter leurs édifices religieux. Ces constructions sont tellement atypiques qu’elles ne sont restaurées que très rarement, notamment à cause de leur fragilité. « A part la stavkirke de Bergen, qui a été reproduite, les norvégiens essayent de garder l’esprit de l’édifice original, ou, du moins, le plus proche de ce qu’il était au XIIe siècle », développe encore l’adolescent. « La plupart de ces édifices sont debout depuis 850 ans. »
Tout aussi atypique que les constructions aura été le voyage d’Hector Boudot. 900 kilomètres. Trente jours. Seul. « Partir en solitaire permet d’apprécier le voyage d’une autre façon », constate le lycéen, en terminale au lycée Henri Poincaré à Nancy. « On doit forcément aller vers les gens, c’est formateur. Je me rendais disponible pour rencontrer les autres. Chaque jour m’apportait son lot d’inattendu. » Mais, pour le lycéen, il semble que ce qui l’a le plus marqué aura été de rencontrer un grand nombre de personnes. « Ça rend humble, on se remet un peu en questions, on voit les choses différemment… »
Ajustements
Mais si le voyage en solitaire rend humble, cela est néanmoins une façon de tester ses limites et de se recentrer sur soi, de savoir qui on est. Pour Hector Boudot, le voyage a été marqué par plusieurs étapes. « On doit tenir un carnet de voyage au jour le jour. Cela m’a permis de me rendre compte de la façon dont j’ai pu évoluer en un mois. » Les jalons de cet avancement ont aussi été posés par les visites des églises, 8 sur les 28 restantes. « Chaque bâtiment que je visitais était une étape nouvelle dans ma progression intellectuelle et dans ma façon d’appréhender ce voyage. »
Pour le lycéen, trois étapes majeures ont composé son voyage. « Au départ, je cherchais le confort. Après, j’étais plus ouvert vers les autres, plus dans la discussion. A la fin, j’avais surtout envie de faire des expériences de fou. » L’aventure norvégienne d’Hector, définitivement terminée ? Pas forcément. « J’y retournerai probablement, mais cette fois pour faire guide dans une Stavkirke. »
Varg Vikernes, metalleux pyromane
Les relations entre les Norvégiens et les stavkirke n’ont pas toujours été roses. Plusieurs épisodes tumultueux ont eu lieu, alors que peu des édifices huit fois centenaires sont encore debout et témoignent du clivage apporté par le catholicisme dans ces terres païennes. En juin 1992, Varg Vikernes, unique musicien du groupe de black metal norvégien Burzum brûle la stavkirke de Bergen. « Pendant mon voyage, tout le monde m’en a parlé » souligne Hector Boudot. « Toutes les personnes que j’ai rencontré étaient unanimes, et le considéraient comme fou », glisse encore le lycéen.
Il en faut donc peu pour corroborer ces dires. En 1994, Varg Vikernes tue son mentor, Euronymous, de coups de couteau. Le musicien écopera de la plus lourde peine possible pour le système judiciaire norvégien : 21 ans de prison, pour le meurtre et l’incendie de trois églises. S’ajoutent à cela 150 kilos d’explosifs retrouvés chez lui. Mais rassurez-vous, tous les metalleux ne sont pas fait de ce bois.
Qu’est-ce que l’association Zellidja ?
Pourquoi avoir choisi d’exposer le travail d’Hector Boudot ?
Lucas HUEBER