Le premier confinement du mois de mars avait déjà fait souffrir les taxis parisiens. Avec des pertes de chiffre d’affaire de plus de 50%, ils n’ont jamais retrouvé leur niveau d’activité d’avant confinement. Pratiquement pas de tourisme, de vie nocturne et peu de déplacements d’affaires, leurs clients habituels ne sont plus au rendez-vous.
« Je n’avais jamais vu Paris aussi vide en 17 ans de métier. »
Francis, taxi parisien
Francis, taxi parisien de nuit depuis 17 ans n’avait jamais connu cette situation. Son chiffre d’affaire qui avait déjà diminué avec l’arrivée des VTC s’est effondré avec la COVID-19. « Avant le premier confinement, l’activité s’était déjà amoindrie » nous confit-il « puis vient l’annonce du premier confinement. Je n’avais jamais vu Paris aussi vide en 17 ans de métier. ». Il a été contraint par manque de matériel d’hygiène – masque et gel hydroalcoolique difficiles à se procurer – et de sécurité d’arrêter d’exercer. Il a perdu l’intégralité de son chiffre d’affaire.
Grâce aux aides du Fonds de Solidarité, les taxis perçoivent 1 500€ par mois depuis mars dernier pour soutenir leur entreprise. Ils estiment cependant que ce montant n’est pas suffisant pour payer l’intégralité de leurs charges et de leurs factures. Entre les crédits voiture et licence, les nouveaux taxis se retrouvent dans une situation délicate. Les chauffeurs sont dans l’obligation de différer le paiement de leurs charges sociales et crédits. Mais sans cette aide, de nombreux taxis auraient dû se déclarer en faillite.
Le couvre-feu : les premières incertitudes
La vie parisienne reprenait tout doucement son cours avant le couvre-feu. Avec un chiffre d’affaire qui commençait à remonter, les taxis espéraient retrouver un peu plus de clientèle. L’annonce du couvre-feu par le Président de la République Emmanuel Macron le 17 octobre a été un coup de massue pour la profession. « Travaillant la nuit, cette annonce m’a démoralisé. » dit Francis « Il fallait se résoudre à travailler la journée, alors que mes collègues avaient déjà des difficultés le jour. ».
Cette contrainte a eu pour effet d’engorger les stations de taxi dans toute la capitale y compris les gares et les aéroports. Amine, taxi parisien depuis deux ans précise « Ce métier était une nouvelle chance de reconversion, je pensais pouvoir en vivre. Malheureusement, aujourd’hui la réalité est tout autre. ».
L’inquiétude du reconfinement
Tous les secteurs sont profondément impactés par la crise de la COVID-19. A compter du jeudi 5 novembre la SNCF prévoit une baisse de TGV de 70% et les aéroports tournent déjà à bas régime, il est plus compliqué d’y trouver des clients. L’obligation du télétravail pour certaines entreprises et l’interdiction de sortir d’un périmètre déterminé autour de son domicile a pour conséquence une baisse de la sollicitation des taxis.
Aujourd’hui, Amine est sorti travaillé à 7h30 du matin. Il a maraudé dans Paris pendant plusieurs heures en ne trouvant personne, avec des stations pleines il s’est résolu à rejoindre l’aéroport d’Orly. Après une trop longue attente, il a eu sa première course à 16h. « A quoi bon sortir travailler et avoir des frais de gazole pour ne faire qu’une course voire deux. Je suis davantage perdant en travaillant qu’en restant chez moi » constate-t-il. Amine en location gérance, a dû négocier avec son loueur une répartition des frais de la location pour pouvoir continuer d’exercer.
Les sociétés de location parisiennes essayent d’apaiser les craintes de leurs clients. Les deux sociétés que nous avons contactées nous ont assuré qu’ils mettaient tout en œuvre pour ne pas impacter la trésorerie des taxis en diminuant leur redevance. Certains taxis peuvent décider de mettre leur contrat avec les agences « en pause » pour bénéficier du Fonds de Solidarité sans payer de location pendant le confinement.
Les taxis le disent : tant que l’intégralité des activités ne reprendra pas et que la COVID-19 persistera, leur activité ne reprendra pas pleinement.
Tiffany Pintado