Connu pour son engagement politique, le candidat à la mairie de Metz Thomas Scuderi est aussi militant. Explication d’une prise de position dans l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD).
« Beaucoup de gens y voient une forme de courage politique. Moi, j’y vois surtout une forme d’hypocrisie. » C’est par ces mots que Thomas Scuderi, adjoint à la mairie de Metz et délégué départemental de l’ADMD, nous expose sa vision de la lutte pour « une liberté de vivre et de mourir ».
Un sujet miné d’hypocrisie
« On ne se pose certaines questions qu’à partir du moment où la vie nous y a confrontées. » Thomas Scuderi l’a constaté de son vécu. Plus jeune, son beau-père a souffert d’un cancer au cerveau. En l’absence de directives anticipées, le candidat PS et sa mère n’ont pu faire appliquer ses dernières volontés et stopper ce qu’ils ont perçu comme « de l’acharnement thérapeutique« . A l’heure actuelle en France, il estime que « s’il n’y a pas de directives anticipées, le corps médical reprend la main.«
Par la loi Leonetti-Claeys révisée sous le quinquennat de François Hollande, « on a légitimé l’acharnement thérapeutique ». Ces mots chocs, il les explique. Selon lui, les modification apportées à cette loi en 2016, exigeant des directives anticipées pour arrêter les soin,s apparait comme la preuve que l’acharnement existe. D’autant qu’une faible part de la population les rédige.
C’est ainsi « une forme d’hypocrisie politique » qu’il dénonce par sa lutte associative. « Cette loi ne va pas assez loin (…) ». C’est un entre-deux qui ne répond pas à la situation« . « Si j’ai adhéré à l’ADMD, c’est parce que mon président du parti socialiste n’a pas eu le courage politique d’aller jusqu’au bout de ce sujet-là ». Elu socialiste, pour lui politiser ce sujet serait « fourvoyer » le débat. « Il n’y a aucune lecture partisane quand on défend le bien commun. Il n’y a pas une couleur politique plus qu’une autre » affirme-t-il.
L’étendue du choix
« C’est notre ultime choix« . En vigueur aujourd’hui, la loi Leonetti-Claeys autorise le recours à la sédation profonde. L’injection d’une substance non-létale plongeant le patient dans un comas artificiel. A condition que le malade soit atteint d’une maladie incurable à l’origine des souffrances subies. L’ADMD milite pour un choix plus large : généralisation des soins palliatifs, légalisation de l’euthanasie et encadrement du suicide assisté incluant une protection à l’égard des aidants.
« Le curseur doit être placé par le malade. C’est son choix personnel. Il ne devrait pas y avoir de prime à la douleur », explique-t-il.
« Cette loi est une abomination« . Thomas Scuderi se positionne en faveur d’un accès plus large à une fin de vie choisie. Une personne en bonne santé physique pourrait donc entamer la procédure. Procédure incluant nécessairement plusieurs contrôles médicaux et psychologiques. Seule limite réaffirmée par Thomas Scuderi: « la personne doit être majeure ou émancipée.«
« La sédation profonde doit pouvoir être un choix parmi les choix » . Même s’il reconnaît que différentes lectures existent, « sociologique, philosophique et cultuelle« , la question religieuse ne devrait pas se poser. parler laïcité ici en une phrase ou deux
Légiférer et sensibiliser
“Tant qu’il n’y a pas de loi, c’est le bordel”. Défenseur « d’un réel choix », le candidat socialiste cite la Belgique comme « l’exemple le plus proche et le plus faisable. En Belgique, c’est la clarté. » Une législation qui « protège les malades et les aidants ». Revenant sur le cas Lambert, il souligne l’importance d’une hiérarchisation des proches du malade, incapable d’exprimer ses dernières volontés. Chez nos voisins belges, les conjoints sont les premiers consultés avant les enfants et les parents. « Comme dans un héritage finalement ». Un moyen d’éviter de lourds combats judiciaires pour les familles.
“Si les gens étaient réellement informés, plus de 50% des personnes auraient écrit leurs directives anticipées” estime Thomas Scuderi. Il relève un besoin d’information et de sensibilisation sur ce sujet qui « concerne tout le monde ». Par de la communication institutionnelle, des conférences, des rencontres, sans que cela ne relève de la municipalité puisque « ce n’est pas son domaine« . Sensible à la « démocratie directe », l’homme politique soutient l’idée d’une « consultation citoyenne » plus globale touchant un public plus éclairé.