Unique en France, les candidats aux élections législatives d’Europe Ecologie Les Verts à Metz ont été désignés par tirage au sort. Un procédé loin de faire l’unanimité au sein du parti.

EELV

A quatre mois des législatives, le parti écologiste messin innove. La cinquantaine de militants a fait appel au hasard pour désigner les candidats qui pourraient les représenter au Parlement.  Ils n’en sont pas à leur coup d’essai puisque le tirage au sort avait déjà été utilisé lors des élections cantonales de 2010.

L’idée du tirage au sort a émergé d’un constat de la majorité des militants écologistes à Metz : la moitié des électeurs ne vote pas pour les élections locales ou régionales. Stéphane Aurousseau, porte-parole du parti à Metz depuis quatre ans, confie « Il y a un décalage entre les élus et les personnes représentées. Et une fois au pouvoir, on a une notoriété médiatique qui justifie de se représenter à chaque élection. C’est un système vicieux qui verrouille les postes. On vote pour quelqu’un qui représente un mouvement et non parce qu’il a une belle gueule. »

C’est dans cet esprit que fin décembre, les militants messins du parti se sont réunis pour élire leurs candidats. Pour chaque circonscription, un nom masculin et un nom féminin ont été tirés au sort parmi les militants actifs. Les élus avaient alors le choix d’accepter, ou non, leurs nouvelles fonctions. Le but du jeu ? Faire émerger de nouvelles têtes. « Par exemple, Yves Entenich (Metz 3) a été tiré au sort. Il a longuement hésité avant d’accepter. Finalement, sa motivation se renforce de jour en jour. » Tous ont joué le jeu, hormis deux candidats, Julien Vick et René Darbois, qui se sont  présentés à titre individuel. Ils n’ont finalement pas été retenus par les sympathisants.

« On nous prend pour des canards boiteux ! »

A Metz, deux tiers des militants sont favorables à ce mode d’élection. Pourtant, il ne fait pas l’unanimité au sein du parti d’Europe Ecologie-Les Verts. « On  nous prend pour des canards boiteux ! » confie Stéphane Aurousseau. Au mois de janvier, le bureau national devait valider les candidats de Metz pour les législatives. Pourtant, aujourd’hui, aucun candidat n’a été confirmé. Plusieurs raisons à cela, mais aucune officielle, d’après celui qui est également co-secrétaire régional du parti écologiste depuis trois mois. « On nous a d’abord dit qu’on n’était pas paritaires. C’est pourtant le cas. On nous a ensuite accusés de ne pas respecter la procédure réglementaire. C’est faux puisque nous avons organisé la désignation des candidats lors de l’assemblée générale de circonscription. »

Des prétextes qui cachent une réalité moins glorieuse pour le parti écologiste. « Parmi les candidats qui se sont présentés à titre individuel, un ancien lorrain (ndlr : Julien Vick) avait besoin d’avoir une investiture à Metz pour relancer sa carrière politique. Souvent présent aux réunions à Paris, il rencontre les gens influents et nous a fait une mauvaise publicité car sa candidature n’avait que peu de chance de passer via le tirage au sort. » C’est pourquoi Paris tarde à investir les candidats choisis à Metz.

Le 24 février, une délégation nationale doit rencontrer le mouvement local, avec éventuellement la venue du numéro 2 du parti, Jean-Vincent Placé. « Je pense qu’il a mieux à faire, mais peut-être qu’ils veulent nous impressionner. Ils vont devoir trouver des prétextes. En tout cas, on les attend de pied ferme. »