Après 22 ans de bons et loyaux services, le festival Musiques Volantes tirera sa révérence samedi 10 novembre. Comment expliquer cette mort prématurée malgré une telle implantation dans le paysage culturel local ? Tentative de réponse.
À Metz, le paysage musical à des airs d’apocalypse. En septembre dernier, c’était Boumchaka (Festival Freeeeze) qui disparaissait. En novembre, les Musiques Volantes. Ne reste plus désormais que Zikamine. À l’occasion de la quinzième édition du festival Zikametz fin septembre, l’association avait organisée une table ronde animée par Nicolas Tochet, coordinateur à la Cité Musicale de Metz, et intitulée “Bâtir un festival : l’envers du décor”. Un nom prétexte, étant donné qu’elle tournera surtout autour des difficultés croissantes que rencontrent les acteurs du milieu messin. L’occasion aussi pour Patrick Rolin, président de l’association Musiques Volantes, d’expliquer les raisons du trépas de cet ovni culturel.
“On est en péril”
“Disparaître, c’est laisser la place aussi”. Même si le discours est ponctué de messages positifs, on perçoit dans la voix de Patrick Rolin à la fois l’émotion et la résignation. Il faut dire que membre de l’équipe depuis 20 ans, il a pu observer toutes les mutations du festival : “Dans les premières années, quand on arrivait aux Trinitaires, c’était vide. On devait nettoyer les toilettes nous-mêmes”.
Pendant 23 éditions et malgré les incertitudes, l’association a fait ce qui leur tenait à “corps et à cœur” : favoriser l’émergence de groupes et rendre curieux, même si cela ne permet pas d’attirer les foules. Mais pour le président, cette volonté d’offrir un espace de liberté n’est plus compatible avec le monde actuel, celui “du fric et de la loi du chiffre”. Avec leur volonté de rester “libre et indépendant”, la diminution des subventions a frappée de plein fouet. À tel point que cette année, c’est la Cité Musicale de Metz qui absorbe une bonne partie des coûts.
Pas rancunier, Patrick Rolin reconnaît le rôle capital qu’ont joué les institutions dans la pérennisation du festival. C’est qu’il aura fallu du temps pour « obtenir la confiance et la bienveillance” de partenaires comme la Ville de Metz, le conseil départemental ou régional. S’il espère bien que la place vacante laissée par le festival permettra à d’autres associations de naître, il ne cache pas sa peur face à la place décroissante de la culture dans les budgets de l’État. Il lance un cri d’alarme simple : “On est en péril”. Reste à savoir s’il sera entendu par les institutions. Et si ce n’est pas le cas, tâche au spectateur de soutenir ces initiatives culturelles locales .
Côté messin, ce sont les Trinitaires qui, les 9 et 10 novembre, accueilleront l’envolée finale de cette aventure. Une clôture que l’on espère enflammée… pour que cette Disparition ne soit pas vaine.
Rémy Chanteloup