Une « soirée de merde ». Voilà à quoi sont conviés les étudiants nancéiens ce mercredi 6 avril. C’est en tout cas ce qu’on peut lire sur l’affiche du 915 Kaffe qui annonce, avec humour et impertinence :
« Encore une soirée étudiante de merde au 915 Kaffe. Mais vous avez un peu de chance, celle-ci est organisée par LEA – fac de lettres. Elle sera peut-être un peu moins nulle que d’habitude. On verra quoi. Alors viens ».
Cette affiche, c’est l’œuvre de Pol Banon. « Improvisé » graphiste du 915 Kaffee il y a 5 ans, le trublion souhaitait faire un pied de nez au côté consensuel des clubs et des soirées étudiantes. Il dénonce aussi un manque de prise de risques dans la création. « Depuis des années, on voit tout le temps les mêmes thématiques partout : black and white, tenue chic détail choc… J’essaie d’insuffler un vent nouveau. Ma proposition d’affiche a fait marrer l’association, et nous fait sortir du moule ».
Sa critique prend des allures de coup de gueule lorsqu’il évoque la question de la créativité à Nancy : « On s’emmerde ici. Que ce soit chez les graphistes, les étudiants, dans les salles de concert… Tout est institutionnalisé. Avant, on pariait sur des thèmes. Aujourd’hui, il n’y a pas de place laissée à la découverte, à la folie ». Ce constat, il y est arrivé après avoir séjourné dans plusieurs capitales européennes : Londres, Berlin, Athènes, ou encore Amsterdam. Il en est revenu avec l’envie de bousculer le monde.
Passé par une école d’art, Pol en a quitté les bancs deux mois avant l’obtention de son diplôme. « Ça m’a permis de ne pas être formaté par les institutions. Je viens d’un milieu rural, avec un entourage familial ouvrier. J’y ai appris le goût du travail bien fait ». Son parcours et ses intentions, il essaie de les mettre dans ses créations. Son leitmotiv, il lui vient d’une des dernières phrases prononcées par son grand-père : « C’est en faisant qu’on fait ». Une idée qui ne le lâchera plus.
Pol est de ceux qui pensent que si l’on ne fait rien, on n’avance pas. Alors, il a eu plusieurs vies. Menuisier pendant 15 ans, puis bassiste dans plusieurs groupes de rock. Aujourd’hui, il partage son temps entre le graphisme et le tatouage chez Mystic tattoo. Un projet lui tient particulièrement à cœur : L’abattoir. « C’est un ping-pong d’idées qui réunit texte et tatouage. Mon ami Dawa, basé à Toronto écrit. Je dessine. On essaie de faire des choses qui ont du sens. On veut aller sur d’autres terrains d’expression intellectuelle. Et surtout, on reste dans l’idée militante de taper là où ça fait mal ».