En France, 64 communes sont sans liste pour le premier tour, un cas exceptionnel puisqu’en 2008, aucune commune de l’Hexagone ne s’était retrouvée dans une telle situation. Dans les Vosges, le village d’Isches est le seul du département sans candidat, l’occasion de comprendre les raisons de ce désintérêt.
“Non mais il n’y a rien d’extraordinaire là dedans” explique Jean-Luc Thouvenot maire de Isches, “on s’arrangera, il y aura quelqu’un pour le second tour”. A l’extrême sud-ouest des Vosges, frôlant le département de la Haute-Marne, le village d’Isches compte 191 habitants (2012). Autant d’Ischois qui n’ont pas voulu s’impliquer dans la constitution d’une liste pour les élections municipales.
Une situation qui ne date pas d’hier, puisqu’en 2008 le village avait déjà eu des difficultés pour le scrutin. “Les gens ne sont pas pressés, aux précédentes élections, une liste est arrivée à 8h du matin le jour du vote” précise le maire actuel.
Nouveauté électorale
C’est par courrier que les électeurs ont appris qu’il est désormais interdit de voter pour une personne qui ne s’est pas déclarée candidate. Lors des anciennes élections, il était possible d’inscrire un nom qui ne briguait pas officiellement la mairie. Aujourd’hui, les communes de moins de 1 000 habitants doivent se plier à cette règle mais conservent le droit de rayer des colistiers et d’en ajouter d’autres, dans la mesure où ceux-ci sont publiquement inscrits.
Ce changement provoque directement le déficit de listes que l’on connaît actuellement puisqu’avant si une ville se retrouvait sans liste, les électeurs avaient la possibilité d’écrire les noms de n’importe quel citoyen.
Manque d’investissement
Pour Jean-Luc Thouvenot, ce manque d’investissement est à corréler avec la mutation des populations : “Les habitants changent, les nouvelles populations citadines s’impliquent moins dans les associations. Il n’y a plus personne dans les rues, le soir les jeunes restent chez eux sur Internet.” Ajouté à cela, l’éloignement des lieux de travail participe aussi à la situation actuelle. “Les gens ont du travail, ils rentrent le soir ils en ont marre. C’est difficile d’avoir tout le monde au conseil à chaque fois.”
Malaise au conseil
Au delà du manque d’intérêt, il apparaît que des perturbations s’invitent lors des réunions du conseil municipal. Jean-Claude Urion, ancien conseiller municipal, pose d’ailleurs la question : “Comment se fait-il qu’au cours du dernier mandat, cinq personnes sont parties dont deux adjoints. Soit ils ne sont plus venues aux réunions soit ils ont démissionné, c’est quand même révélateur d’un malaise […]. Le maire décidait de tout, tout seul ».
Une situation tendue confirmée par l’actualité du village. Le deuxième adjoint Fernando Ramos a récemment porté plainte pour diffamation auprès du procureur de la République d’Epinal, contre le maire, Jean-Luc Thouvenot.
Phénomène national
Isches n’a pas le monopole du désintérêt politique. Par exemple rien qu’en Lorraine, cinq communes au total se retrouvent sans liste pour le premier tour des élections : Brillon-en-Barrois, Lavincourt, Rigny-la-Salle et Savonnières-en-Perthois pour la Meuse et Isches dans les Vosges.
Une situation qui résonne jusqu’au niveau national en plus du niveau local : “Ce qui se passe au niveau national ça se ressent ici. Les gens sont dégoûtés de la politique, ça se plaint de partout, personne ne croit plus en rien, ça devient dur. Les gens se disent “qu’ils se démerdent maintenant.”” expose Jean-Luc Thouvenot.
A cela, le maire prend ses responsabilités et annonce “Je pense que je vais y aller, autrement personne ne se lancera”.
Quelles solutions prévues ?