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Jusqu’au 24 décembre, l’Arsenal de Metz mélange le temps de l’exposition « Reliures Gourmandes » les arts de la cuisine et de la reliure. Deux univers a priori bien éloignés, et pourtant…

Bien à l’abri derrière leurs vitrines, les précieux objets d’art se sont laissés apprécier dans le calme. 147 reliures de création originale 1, provenant de 108 relieurs amateurs et professionnels du monde entier, étaient ainsi chargées de représenter cet art méconnu. Mais toutes les couvertures n’étaient pas égales dans la fantaisie : si certaines –très jolies au demeurant- tenaient plus du cuir coloré qu’autre chose, d’autres étaient incrustées de coquillages (A boire et à manger, Léon Daudet), couvertes d’épluchures de fruits et de légumes (Goûts et couleurs, Jean-Luc Fau)…voire fabriquées en peau de carpe, spécialité d’Angélique Michel, de l’atelier reliure des Bibliothèques-Médiathèques de Metz. L’étrangeté et la variété des matériaux montre la minutie du travail des relieurs, « réalisé à l’époque seulement avec des dorures et de la peau d’agneau », explique une guide avouant être novice en la matière.

 

Les mots de la bouche

 

L’exposition met également à l’honneur la fine alliance de l’art des mots et de l’univers culinaire, avec l’affichage de menus totalement délirants qui insufflent un peu de folie aux traditions gastronomiques françaises. Voici par exemple une petite variation personnelle sur le thème « Pour les musiciens » : Mandoline de jambon de Parme, Gigue de chevreuil, Œufs Berlioz, Pizza « Les Quatre Saisons » agrémentée de trompettes de la mort, Orange maltaise en symphonie et vin de graves…« mais piano ! », explique l’affiche. Pour prendre le temps de l’apprécier, sans doute ! Les autres thèmes représentaient : les Mots-Valises (« bœuf sur le plat »), Européen (« crème anglaise et petits suisses »), Repas léger (« vol au vent, soufflé »), Bibliothèque Gourmande (« Les Raisins de la Colère, la Chartreuse de Parme »), Alcoolisé (« Carpe à la bière, Pruneaux à l’Armagnac »), Grand Gala (« Bacalans, Jambalaya, Pan Bagnat »), Multicolore (« Martini Rosso, Colvert à l’orange »), Pour les musiciens, Menu en anagrammes, (« Salami-Malais, Pleurotes-Ploteurs ») Chiffre (« Escalope 1000anaise, Gorg11ola »), Vestimentaire (« Potage velours, Bavette à l’échalote ») et Symétrique.

 

Seconde peau

 

Pour la culture générale, on apprend au cours de la visite que le cuir était une matière incontournable, avant que l’éventail de couleurs et de matières s’étoffe, piochant dans les univers végétal, animal, minéral et industriel. Le souci majeur pour les relieurs est de respecter l’intégrité de l’ouvrage et l’interdépendance de la structure et des décors, et les reliures contemporaines trouvent leur inspiration dans des travaux remontant jusqu’au XVIème siècle.

Finalement, la reliure n’est pas qu’une protection pour les pages qui l’habitent : elle devient un art à part entière pour donner une seconde vie aux ouvrages tombant en poussière ou en désuétude…A consommer sans modération, ne serait-ce que pour apprécier ce travail d’orfèvre.

 

1 Etaient également exposés 20 reliures et 23 livres-objets des fonds spécialisés des bibliothèques de Metz et Dijon.

 

 

Une exposition organisée du 21 novembre au 24 décembre à l’Arsenal de Metz par les Bibliothèques-Médiathèques de Metz, les Amis de la Reliure d’Art (ARA France) et les Bibliothèques Gourmandes. Entrée libre.