Avec une quarantaine de chercheurs au rendez-vous et un programme rythmé de performances artistiques, la Nuit des chercheurs, organisée par l’Université de Lorraine vendredi 27 septembre, a réussi son pari : attirer les non-initiés et redorer l’image de la recherche.
Et si, une nuit, les chercheurs se réunissaient pour parler de leur travail au grand public, au beau milieu de spectacles de danse, de projections vidéos et de performances artistiques ? La Nuit des chercheurs, manifestation nationale déjà ancienne, tenait sa première édition sous l’égide de l’université de Lorraine, vendredi 27 septembre à Metz. Etaient accessibles une quarantaine de chercheurs désireux de contredire les clichés dont ils sont victimes, dans un univers associant témoignages, démonstrations scientifiques et performances artistiques.
« Clichés que tout cela ! », peuvent désormais répondre ceux qui se sont déplacés sur le campus de Metz vendredi dernier. L’Université de Lorraine y a organisé sa première édition de la Nuit des Chercheurs. Une quarantaine de chercheurs ont répondu à l’invitation. Sur 300 m2, entre le Théâtre du Saulcy et la Maison de l’étudiant, les stands dédiés à la géologie ont côtoyé ceux tenus par des spécialistes de littérature germanique ou de neurosciences.
« Je suis tombé fou amoureux de cette manière de présenter la recherche », s’exclame au micro Etienne Haouy, initiateur du projet. Devant lui, pour l’inauguration, une foule de curieux. « Ici, on a vocation de présenter au public des faits, afin qu’il puisse relier science et société et éclairer son quotidien. »
Mariage entre un physicien et une danseuse
Les chercheurs, travailleurs de longue haleine, mettent ce soir un point d’honneur à se montrer simples et concis. Montre en main, trois doctorants montent sur scène pour expliquer leur thèse en 180 secondes. D’autres volontaires participent au « speed-searching ». Objectif : susciter l’intérêt du public pour un objet, en sept minutes chrono. Les experts invités n’exposent pas des manuels poussiéreux. Au stand des écotoxicologues, des dizaines de plantes sont alignées devant plusieurs écrans géants. A celui des neurosciences, on joue avec les scanners 3D et les électrodes.
La soirée est en plus rythmée de performances artistiques. A commencer par la mise en scène de la scénographe Joannie Rancier : des dizaines de cubes, placés çà et là entre les stands, irradient de lumière et jouent avec la transparence des vitres. On croise aussi deux crieurs de rue, qui zigzaguent dans la foule en psalmodiant des formules mathématiques et des visiteurs s’initient à la philo bien installés devant des courts-métrages d’animation.
Le clou de la soirée, c’est le mariage entre un physicien et une danseuse. Christophe Châtelain, physicien statistique, a travaillé main dans la main avec la chorégraphe Sarah Baltzinger pour imaginer « Fluctuations », un spectacle d’une alchimie inédite. « Un système de physique statistique que je simule est affiché sur grand écran, décrit Christophe Châtelain. Dans le même temps, les danseuses suivent une chorégraphie, élaborée par Sarah à partir de mots-clés de physique : particules, température, fluctuations avec le temps… »
« Pas des rats de laboratoire »
Ecoutez notre reportage radio sur cette nuit pas comme les autres :
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La science tente de sortir de cette image qui lui colle à la peau, son ghetto sérieux et rébarbatif. Mais était-ce nécessaire d’en passer par une manifestation ludique ? L’intérêt de la recherche ne se suffirait pas à lui-même ? « Je déteste le mot ludique, rétorque tout de suite Etienne Haouy. Nous ne sommes pas là pour jouer, mais pour découvrir. C’est aussi pour cela que la manifestation est organisée le soir. On ne vise pas le même public. On voit moins d’enfants, de familles. On s’adresse aux curieux qui veulent questionner directement les spécialistes. Et ils se rendent compte d’eux-mêmes que les chercheurs ne sont pas des rats de laboratoire en blouse blanche ».
Le public était en tout cas au rendez-vous, et les chercheurs en redemandent. « Nous, nous parlons de notre domaine toute la journée. Ca fait du bien de voir les gens s’intéresser, comprendre », se réjouit Julien Krieg, docteur en neuroscience. « J’étais volontaire pour venir. On n’est pas des extra-terrestre ! » renchérit Pierre Lucisine, qui étudie l’écotoxicologie.
Pour Jacques Pironon, géologue, ce genre de manifestation est même une nécessité : « On travaille sur des sujets qui concernent. Dans notre domaine par exemple, c’est le gaz de schiste. On se doit de restituer notre savoir aux populations ». Avant de conclure : « C’est aussi un bon moyen d’expliquer aux gens à quoi sert leur argent ».
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