La nouvelle revue de l’université de Metz met l’expertise scientifique et culturelle au service du grand public. Deux fois par an, elle sera produite et distribuée gratuitement aux populations.
« L’université doit sortir de ses murs ». Luc Johann utilise cette expression pour marquer la volonté de l’institution de se positionner comme un laboratoire de la société. Le président de l’université Paul Verlaine de Metz décline ainsi l’orientation éditoriale de la revue Universcité. En donnant une vocation à la fois scientifique et culturelle, Luc Johann plaide pour un avenir de la société reposant sur la mise en commun des aspirations techniques et des valeurs humaines. La moitié des pages de la revue est consacrée à un dossier. Il s’agit d’une réflexion pluridisciplinaire sur une question d’intérêt général. L’édition inaugurale fait un zoom sur les sciences du crime. La rédaction a été inspirée par la multiplication des séries policières à orientation scientifique sur le petit écran. Cinq chimistes décrivent les techniques de la vraie police scientifique et technique. Un informaticien, une littéraire et un psychologue et un juriste sont mis à contribution pour relever la limite entre la fiction des séries télévisées et la réalité de l’enquête scientifique. Ces spécialistes reconnaissent la montée en puissance de la preuve scientifique. Laurence Duret du Service commun d’information et d’orientation donne aux étudiants les parcours pour l’accès aux métiers de la police scientifique.
La revue est marquée par cette volonté de traiter en profondeur les sujets tout en simplifiant la compréhension. L’ambivalence des intentions se ressent dans la répartition des rubriques entre l’actualité et le magazine. A un mois de l’inauguration du Centre Pompidou Metz, l’entretien avec Laurent le Bon, le directeur du Centre arrive à point nommé. L’article de Arnaud Mercier sur le dispositif contre la grippe H1N1 en France coïncide avec le début des auditions de la commission parlementaire créée pour évaluer cette campagne onéreuse. La présentation de l’offre du désormais Espace Bernard Marie Koltès, des publications universitaires et des nouvelles pistes de recherche des laboratoires font plutôt penser à un produit de communication institutionnelle d’une université. D’autres rubriques à l’instar du portrait historique ou des mots en vogue remplissent par contre une fonction magazine confortée par un investissement important pour la qualité iconographique. L’infographiste Vincent Conrad du Républicain Lorrain a été retenu à l’issue d’un processus réglementaire rigoureux. IL a permis de relever ce que Caroline Bisenius-Penin appelle « le défi de l’identité visuelle». Les dix rubriques de la revue contribuent donc à mettre en œuvre un projet éditorial aux multiples ambitions.
Universcité n’est pas un journal institutionnel à l’image de Metz magazine, le mensuel de la mairie de Metz. Sur une quarantaine de photos, l’université est très peu présente. Le magazine n’évoque pas vraiment les multiples activités qui se déroulent en six mois dans une institution universitaire de ce genre. Ce n’est pas une revue universitaire comme c’est le cas de Questions de communication, la revue du CREM. Les articles ne sont soumis à aucune exigence méthodologique. Universcité évite également une approche journalistique du traitement d e l’actualité chaude. Par la périodicité bisannuelle et le choix des genres, on se rapproche davantage du style de presse magazine. Mais quelle presse magazine ? Surtout pas la presse spécialisée. Les sujets de la revue sont variés. « Nous travaillons aussi bien avec des spécialistes des sciences dures qu’avec ceux des sciences subtiles » explique Carole Bisenius- Penin, la rédactrice en chef. Elle indique par ailleurs qu’il est question de mettre le savoir universitaire au service de la communauté. Mais ici la vulgarisation des savoirs se fait par le traitement des questions que le public pose. L’université peut elle proposer une réponse pour chacune des interrogations dans la société ? Le rapprochement entre l’université et la cité ne saurait reposer sur une publication. Il serait tout autant difficile d’entretenir le lien en paraissant tous les six mois.