Originaire de Thionville, Donovan est un globe-trotteur : l’Irlande, le Danemark ou encore la Suède. À 21 ans, cet expatrié français vit à Dublin. En novembre dernier, il part rencontrer la famille de son ami au Venezuela. Pendant deux mois, il est confronté aux pénuries et à l’insécurité qui gangrènent le pays. Deux thèmes centraux de la contestation actuelle.
« Avant de partir, je pensais que mes amis dramatisaient la situation de leur pays. Une fois sur place, j’ai réalisé qu’au contraire, ils l’a sous-estimaient. » Arrivé à Caracas, le Français apprend rapidement que sa montre et son téléphone portable ne pourront pas l’accompagner pendant les visites. Les vols sont monnaie courante dans la région, le pays souffre d’un taux de criminalité croissant « Un chiffre m’a surpris. En Irak l’an dernier, 5000 personnes ont été tuées, au Venezuela, ce chiffre est évalué à 25000 », confie-t-il. Les habitudes du Français se heurtent aux mesures de sécurité préconisées. « En voiture, lorsqu’il faisait très chaud, les vitres étaient ouvertes et je m’accoudais au rebord. Mes amis m’ont expliqué que pour récupérer ma montre, des motards pouvaient m’arracher le bras. » Dans certains quartiers, le Lorrain doit redoubler de prudence.
L’insécurité, petite soeur de la précarité
Au bureau de change, Donovan prend conscience de la faible valeur du bolivar, la monnaie locale. « Avec un peu plus d’un euro, je pouvais me payer un restaurant, entrée et dessert compris. » Dans ce pays, premier producteur de pétrole, les prix de l’essence défient toute concurrence. « Pour quatre centimes, on peut avoir un plein d’essence. » Pourtant, le jeune homme va rapidement comprendre que si le carburant est « donné », acheter une voiture est un luxe. « Une voiture représente un investissement équivalent à plus de six mois de salaire minimum. C’est pour cette raison que les deux roues sont très répandus dans le pays », explique-t-il.
Le pays souffre depuis plusieurs années de nombreuses pénuries. Donovan assiste à des scènes désolantes bien loin de son confort d’Européen.
Le retour en Irlande
Cela fait un an que l’ancien étudiant vit à Dublin. Les Vénézuéliens représentent la seconde population d’étrangers de la capitale. Nombre d’entre eux sont devenus les amis du jeune Français.
Depuis, le début des manifestations, la ville s’est transformée en succursale du mouvement étudiant en cours au Venezuela. « À raison de deux fois par semaine, des centaines d’étudiants se réunissent », affirme Donovan. Le but de cette mobilisation est de soutenir leurs concitoyens restés outre-Atlantique afin de réclamer le départ du gouvernement Maduro. « Le pays est devenu une dictature », clame le jeune homme. « La corruption est grandissante. Les radios, les télévisions sont censurées et le pouvoir a également coupé l’accès à Twitter », ajoute-t-il. Indigné par la situation du pays, l’employé de Microsoft s’est joint sans hésiter au mouvement. « À chaque manifestation, des Irlandais et des personnes d’autres nationalités rejoignent les cortèges. » Les Vénézuéliens présents en Europe sont convaincus que la mobilisation dans d’autres pays et les réseaux sociaux les aideront à réaliser « leur printemps arabe. » « Barack Obama, Rihanna et la chanteuse Cher ont apporté leur soutien à cette cause », confesse avec optimisme Donovan.
Retour sur la contestation au Venezuela
Le 12 février, le pays célèbre « el día de la juventud » (la journée de la jeunesse). Des étudiants réclament plus de sécurité et la fin des pénuries. Ces rassemblements ont été violemment réprimés. Les jours suivants, des citoyens exaspérés par l’attitude du régime se joignent aux étudiants. La violence des répressions a conduit d’autres Vénézuéliens à se mobiliser pour la liberté d’expression. Depuis une quinzaine de jours, soutenus par leur leader, Leopoldo López, des milliers de personnes défilent.