Quelle médiation entre les journalistes et leur public? C’est une des questions soulevées aux assises du journalisme de Strasbourg qui se tenaient du 7 au 8 octobre 2009. Le projet de création d’un conseil de presse pourrait répondre aux problèmes du statut actuel de médiateur en France.
Les médias traversent actuellement une crise complexe, d’ordre économique, mais qui touche aussi directement la profession dans ses pratiques. Les Assises du journalisme , qui se sont déroulé à Strasbourg du 7 au 9 octobre 2009, ont été le lieu de plusieurs débats à ce sujet.
En France, il n’existe aucune instance nationale qui veille au respect des règles d’éthique et de déontologie des médias et qui prenne en compte les doléances du public à ce sujet. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) se charge du respect de la loi et non de la déontologie. Ce rôle incombe au médiateur, qui est l’interface entre les journalistes et leur public. Actuellement, ils sont moins d’une quinzaine dans l’hexagone, employés par des entreprises de presse, et dont le statut et l’indépendance sont à ce titre fragiles. Dominique Burg, ancienne journaliste à RFI aujourd’hui médiatrice, témoigne de sa position parfois délicate auprès de la rédaction. Certains de ses confrères parlent quant à eux d’« écartèlement » entre la rédaction, le public et la direction.
Face à la fragilité de ce statut, certains proposent d’autres alternatives. C’est le cas de Yves Agnès, journaliste à la retraite. Il est aujourd’hui président de l’association de préfiguration d’un conseil de presse, qui milite pour la création d’un conseil de presse, chargé du respect des règles de déontologie et dans lequel les professionnels de l’information et leur public seront représentés.
Ce type d’instance existe déjà dans d’autres pays: c’est le cas au Luxembourg et au Québec. Si au Grand-Duché, il est composé de représentants des éditeurs et des journalistes, en revanche, dans sa composition, le Conseil québécois tient compte de la représentativité du public.
Pour Yves Agnès, l’association du public à cette régulation est indispensable et évidente.
Si les journalistes ont une responsabilité, c’est bien à l’égard de leur public. L’intégrer à cette réflexion ne semble donc pas complètement absurde. La proposition de l’association de préfiguration d’un conseil de presse semble avoir retenu l’attention du public des assises du journalisme. Et à voir la liste des personnes qui la soutiennent, le projet semble en bonne voie.