L’artiste Ukrainienne a présenté sa fresque aux Messins lors d’une commémoration sur le parvis des Droits de l’Homme le 15 octobre. Portrait d’une peintre engagée pour l’Ukraine.
Au moins 416 enfants sont morts depuis le début de la guerre en Ukraine. Sur le sol du parvis des Droits de l’Homme de Metz, ces centaines de victimes sont représentées comme les silhouettes d’un crime qu’on ne voit pas. Derrière cette fresque se cache Victoria Sirooka. A 40 ans, cette maman de deux enfants est une artiste à plein temps. Elle veut montrer comment le conflit en Ukraine touche aussi les plus jeunes à travers des performances artistiques. On la retrouve autour d’un café. Dans un français parfait, elle se présente et raconte son parcours entre la ville industrielle de Kryvyi Rih en Ukraine, l’Afrique du Sud et la France. Elle évoque également le sujet de la guerre qui déchire son pays, son visage se ferme mais elle répond avec courage.
« Montrer la grandeur de cette tragédie »
Entre deux gorgées de café, Victoria se livre sur la façon dont elle a eu l’idée de cette fresque. En accord avec la mairie de Metz l’artiste veut montrer l’horreur de la guerre avec sa fresque, visible par tous cette œuvre éphémère raconte l’histoire des civils touchés par ce conflit qui dure depuis le 24 février 2022. Ce moyen d’expression lui est apparu comme le meilleur pour rendre visible des images que l’on ne voit pas ou que l’on ne veut pas voir.
« Je ne sais pas vraiment comment m’est venue cette idée, c’est à force de voir des images et de dessiner » raconte Victoria. Marquée par l’histoire d’un village attaqué par les soldats Russes, elle voulait rendre hommage à ses victimes. Après une longue réflexion, elle décide de mettre en avant le sort des enfants qui sont prisonniers de cette guerre qu’ils n’ont pas voulue. La gorge serrée, elle rappelle que « Ce sont nos enfants pas uniquement ceux d’Ukraine. »
Pour l’artiste il faut montrer la réalité de cette guerre aux portes de l’Europe et arrêter les mensonges Russes. « Ils disent se battre contre les soldats, mais c’est aussi contre les civils et les innocents », depuis la France Victoria ne peut que constater les agressions de l’envahisseur Russe. L’art est pour elle une forme d’expression et de sensibilisation sur cette période si particulière pour son pays d’origine.
La guerre n’est jamais loin
Après avoir vécu trois ans en Afrique du Sud, elle s’est installée en France en 2014 avec son mari et ses deux enfants. Victoria est originaire de la ville de Kryvyï Rih dans le centre de l’Ukraine à environ 200 kilomètres de la ville de Zaporijjia. Elle a suivi des études d’arts, elle confie qu’elle a aussi fait des études dans la finance. « Trouver un travail dans le milieu de l’art est compliqué en Ukraine » soupire-t-elle. Après une carrière de comptable pour la firme Arcelor Mittal, elle lance son activité d’artiste en 2020 après une longue réflexion pendant le confinement. Bien qu’elle ait quitté son pays et sa ville natale, l’artiste est en contact quotidien avec ses parents et son grand-père restés sur place. « Je les appelle tous les jours », sa famille en Ukraine vit la guerre au plus près.
Elle raconte avec nostalgie qu’elle allait rendre visite à sa famille tous les étés, cette perspective, elle semble pour l’instant ne plus l’envisager. Pourtant Victoria est une battante, engagée dès le premier jour du conflit. « Avec l’association Echange Lorraine Ukraine, nous avons organisé l’accueil des réfugiés ainsi que l’envoie de denrée vers notre pays », souligne-t-elle.
Une œuvre éphémère et un conflit qui s’installe
Au lendemain de notre rencontre, Victoria partage sur Instagram la photo d’une jeune fille portant le même prénom qu’elle emportée par les frappes russes sur la ville de Kiev. C’est dans ce contexte que Victoria espère marquer les Messins et tous ceux qui passeront devant cette fresque. « L’œuvre reste jusqu’au 10 novembre, mais elle continuera de vivre » confie l’artiste.
Si la peinture qu’elle a utilisée est temporaire et sensible à la pluie, ce n’est pas la météo qui l’inquiète. Alors que le conflit dure et qu’il s’est même intensifié depuis quelques semaines, Victoria est terrifiée à l’idée de devoir rajouter des silhouettes à sa fresque. « Je me suis promis de représenter chaque enfant victime de ce conflit », assure-t-elle.