A Metz, l’association « Un Toit, Deux Générations » propose à des étudiants de vivre à moindre coût chez une personne âgée contre services rendus. Mais si la demande est forte du côté étudiant, convaincre les retraités est une tâche plus ardue.
Les jeunes ? Des fêtards. Le cliché est tenace chez certaines personnes âgées, et cela complique le travail des associations qui soutiennent le logement inter-générationnel . A Metz, depuis 2008, l’association « Un Toit Deux Générations » vise à favoriser la cohabitation sous le même toit entre jeunes étudiants et personnes âgées. « Les jeunes sont hébergés à moindre coût dans le domicile de retraités, en échange d’une présence amicale et de petits services, comme fermer les volets ou accompagner la personne chez le médecin, présente Moussa Seck, coordinateur de projet à l’association. C’est une réponse à la solitude de certaines personnes âgées qui vivent parfois dans de grands appartements, et à la galère des étudiants pour trouver un logement. »
En 2010, 18 binômes étudiants – retraités ont été constitués à Metz, et cinq à Nancy. Mais il y a un déséquilibre entre offre et demande de logement : « Nous avons 62 étudiants demandeurs contre 15 personnes âgées qui accepteraient de partager leur logement à l’avenir. Cette différence, on la voit partout ailleurs en France ». Moussa Seck l’avoue, sensibiliser les retraités est difficile, et pas seulement à cause des clichés. « Certains ont peur de perdre leur intimité. D’autres encore ont un logement trop étroit et ont peur de faire face à des problèmes financiers, en partageant certains frais avec le jeune ».
Un partenariat avec l’Eglise catholique
L’association a mis en place plusieurs formules, qui vont pour les étudiants de la gratuité totale au versement d’un loyer d’environ 150 €. « Pour être hébergé gratuitement, l’étudiant doit être très présent : quatre soirs par semaine, un week-end sur deux et durant les vacances scolaires », prévient Moussa Seck. Un engagement drastique sur lequel l’association veille : « Il y a une sélection des candidats faite sur Internet, puis l’étudiant est reçu pour un entretien de 30 à 45 minutes pour juger sa motivation et les services qu’il peut proposer ». Pourtant, cette sévérité ne suffit pas toujours : « On a parfois des réclamations de la part de retraités qui ne voient jamais le jeune qu’ils hébergent. Nous devons remettre les choses au point avec l’étudiant. Au bout de plusieurs avertissements, il peut y avoir rupture de la cohabitation ».
Face à ces difficultés, « Un Toit Deux Générations » a trouvé un partenaire du côté de l’Eglise catholique. La Mission étudiante de Metz, aumônerie installée sur le campus du Saulcy, sera le relais de l’association en informant les étudiants du campus et en sensibilisant les paroissiens catholiques, notamment les retraités . « On voulait créer notre propre association de promotion du logement intergénérationnel, et on s’est rendu compte qu’il en existait déjà une à Metz, présente Thibaud Ginther, président de l’aumônerie et étudiant en anglais au Saulcy. On a alors contacté l’association pour travailler avec elle ».
Une initiative dont se réjouit Marguerite Tshombe-Leclère, présidente de l’association : « L’image de l’Eglise catholique est rassurante pour les personnes âgées, cela donne du crédit à l’association et peut les inciter à s’engager avec nous ». Le partenariat, qui implique un jeune volontaire engagé dans le cadre du service civique, court jusqu’à novembre 2012. D’ici là, espérons que de nombreux jeunes et vieux connaitront la joie de partager le même toit.