La population augmente, les modes de vie évoluent et les habitudes alimentaires changent. Face à ce constat, nos poubelles gagnent en volume à vue d’œil. La prise de conscience a été soudaine pour certains Messins soucieux de réduire leurs déchets.
Nous sommes 67,2 millions d’habitants en France. Hommes, femmes, enfants, nous consommons et jetons sans cesse. Nous produisons 590 kg de déchets par an et par habitant, ce qui est deux fois plus qu’il y a quarante ans selon l’ADEME. Un ordinateur, un ballon, du sopalin, une touillette à café, un t-shirt ; tout est matière à devenir un déchet.
Chaque produit suit un cycle de vie. Nous puisons dans les ressources naturelles de la terre, puis nous transformons celles-ci pour fabriquer le produit. Il est ensuite transporté pour être vendu dans un magasin ou sur internet. Une fois acheté, il est utilisé et finalement peut ne plus servir. Le consommateur a alors deux possibilités : valoriser le produit (le donner, réparer, recycler, etc) et ainsi lui offrir une seconde vie, ou le jeter à la poubelle ce qui entraîne la fin de son cycle de vie.
Chaque étape du cycle a des impacts sur l’environnement. Les ressources s’épuisent, l’air, l’eau et les sols sont pollués, des émissions de gaz à effet de serre sont produits …
Recyclage professionnel
« Quand on prend conscience de tout ça, on se dit “ah oui quand même“ ! » songe Nicolas Melin. Ce commerçant travaillait auparavant dans la restauration, « on jetait énormément de nourriture tous les jours, explique Nicolas. Ce qui n’était pas utilisé lors du buffet était jeté pour le service d’après ». Il prend alors conscience que la réduction des déchets est importante.
Ne se retrouvant pas dans les valeurs qu’il souhaitait professionnellement, Nicolas a cherché à se recycler. Suite à cela, il découvre le concept de Day by day. Ces épiceries en vrac proposent les produits du quotidien en quantité à la demande et sans emballage superflu. Les consommateurs apportent leurs contenants (bocaux, sachets réutilisables, etc) qui sont pesés à l’arrivée, puis ils prennent uniquement la quantité souhaitée.
Nicolas Melin décide de se lancer dans l’aventure en septembre 2016. Il devient franchisé Day by day et ouvre son épicerie à Metz. « Quand on voit tout ce qu’on jette, s’attriste Nicolas, on se dit autant apporter un plus dans le commerce, que ça parle ». Et visiblement ça marche.
Le respect de valeurs
Manon, étudiante en psychologie à l’Université de Lorraine, entre dans l’épicerie avec la ferme intention de réduire ses déchets. « Quand je vois le poids de ma poubelle… J’essaye de le diminuer au maximum ».
Le commerçant ajoute « les gens qui viennent ici pensent déjà au gaspillage alimentaire, ça leur trotte dans la tête ». Il affirme rencontrer tous les jours de nouvelles personnes. « Ils ont connu Day by day soit avec le bouche à oreille (amis, famille), soit parce qu’ils passent depuis longtemps devant et se sont dit “on va tenter“. Beaucoup découvrent aussi grâce aux réseaux sociaux Facebook et Instagram. Les gens adhèrent aux valeurs ».
Les engagements sont nombreux pour le franchisé. En plus de participer à la lutte contre le gaspillage alimentaire et la réduction des déchets, « quand on utilise du transport c’est toujours en grosse quantité. Il n’y a pas de plastique. De plus, les produits d’entretien sont certifiés, les fournisseurs travaillent en circuits courts. Et 65% des produits sont français dans la boutique ».
Zéro déchet, ou presque
Sandra Crané est journaliste et a pris la décision de vivre une vie (presque) zéro déchet. Elle se rend à l’épicerie de Nicolas ou dans des magasins bio pour faire ses courses. « L’idée c’est de penser à ce que j’achète avant de jeter, explique Sandra. Je me demande toujours si je peux trouver le même produit tout en réduisant l’impact du déchet, par exemple en achetant en vrac ou en sachet ». En février 2017, la famille Crané avait une poubelle de 30 litres par semaine. Aujourd’hui ils sont fiers d’avoir réduit leurs déchets à 30 litres par mois.
« Nous n’achetons pas du surgelé ou des conserves, parce que ça fait des déchets. On privilégie le frais, donc on a un volume d’épluchures qui est assez volumineux. Le compost a permis d’éliminer beaucoup de déchets. On évite également tous les emballages »
Néanmoins Sandra ne parvient pas à éliminer tous les déchets. « Les cotons tiges c’est dur de s’en passer. Les mouchoirs en tissu je ne trouve pas ça très hygiénique de me moucher 35 fois dedans. Les papiers de bonbons pour les enfants, la margarine …. ». Mais jeter quelque chose est devenu un échec aux yeux de la mère de famille, « c’est un déchet qui aurait pu être évité ».
Pourtant parfois elle s’interroge. Est-ce plus écologique de laver des couches ou d’en acheter ? « On utilise de l’eau et du détergent avec les couches lavables. C’est difficile de trouver un modèle idéal, on pollue de toute façon ».
Un avenir prometteur ?
Mais pas question d’abandonner, la journaliste est bien décidée à poursuivre l’aventure. « J’ai vu cette expérience comme un défi. Comment en travaillant à temps plein et avec trois enfants je peux faire des choses qui ne me prennent pas plus de temps ? C’est vraiment une façon différente de voir la consommation ».
Néanmoins, Sandra estime qu’il ne faut pas forcer les gens à réduire leurs déchets, ce doit être un plaisir et non une contrainte. « Le regard des autres est intéressant, au début il y avait beaucoup de mépris, se souvient la journaliste. Mais plus tard, certains sont revenus me voir pour me demander où j’achetais telle ou telle chose. Certaines personnes dans mon entourage commencent même à trier alors que ce n’était pas le cas avant ».
Nicolas Melin et Sandra Crané croient en l’avenir du zéro déchet. « Ce n’est que le début ! » s’extasie le commerçant. Et vous, quels changements êtes-vous prêt à consentir ?